HBO a eu la gentillesse de poster sur Youtube le premier épisode (en anglais) de sa série sur Julia Child.
Je me suis précipitée sur celle-ci, sans doute diffusée en France sur OCS, … et en tout cas disponible au Maroc par des voies bien connues de tous ceux qui vivent ici !
Pour l'instant j'ai vu les quatre premiers épisodes et j'adore, tout simplement.
C'est la deuxième fois bio de Julia Child à l'écran et je suis assez bluffée par la performance des acteurs, la minutie dans la création des décors, la capacité à mettre en scène cette Amérique des années 60 où les femmes se devaient d'être de parfaites "housewives" pas encore désespérées et où la "malbouffe" pointait déjà son nez dans les produits de supermarchés.
Je vous ai déjà parlé de ma rencontre avec Julia Child, dans le film de Nora Ephron "Julia et Julie" qui était l'entrelacement de deux biographies, celle de Julia et celle de Julie.
Le film se focalise sur la rédaction du livre de Julia Child, "Mastering the Art of French Cooking", la série commence après, quand Julia et son mari sont rentrés aux Etats-Unis et vont lancer la série d'émissions culinaires "The French Chef".
Alors que Julia Child n'avait pas aimé le livre de Julie Powell, à l'origine du film, la série, elle, est adoubée par la Julia Child Foundation for Gastronomy and the Culinary Arts. Les deux oeuvres sont très différentes…
La vie de Julia Child et de son mari
La série est beaucoup plus allusive que le film.
Elle s'adresse avant tout, je pense, à un public américain qui connait Julia. Il n'y a par exemple quasiment pas de détails sur tout ce qui a conduit à la rédaction du livre et son énorme succès (on parle juste du montant des royalties, qui impressionne la banquière de Julia).
Ses amies françaises, surtout Simca, sont à peine évoquées, on est dans la période de rupture où Julia va commencer à tracer sa route toute seule. On a l'impression qu'elle se brouille avec Simca, alors que les deux femmes resteront très proches toute leur vie.
L'infertilité de Julia est passée sous silence, aussi, ce qui ne permet peut-être pas de comprendre sa détresse quand elle apprend qu'elle est ménopausée.
Enfin, son accent particulier, celui du Sud des États-Unis, presque créole, est difficile à rendre en français, il est moqué par les producteurs du show, sans qu'on explique à quoi il correspond.

Par contre, la série met beaucoup plus l'accent sur l'amour qui unit Julia Child et son mari Paul, sur cet extraordinaire compagnonnage de deux personnes qui se sont aidées et supportées (au sens positif) toute leur vie, aimées sentimentalement et physiquement.
Sarah Lancashire arrive de façon remarquable à faire revivre la grande silhouette imposante de Julia Child. Cette dernière faisait 1m88, Meryl Streep – qui l'incarnait dans Julia et Julie – 1m68 et Sarah Lancashire 1m73… quinze de moins que la "Grande Cheffe" , elle est touchante dans ses incertitudes, sa drôlerie aussi.
Bref, c'est vraiment agréable à regarder, plein d'humour, doux et gentil.
Ça manque de cuisine !
Bien que les titres des épisodes soient des recettes tirées du livre de Julia Child, la cuisine est finalement assez peu mise en scène, moins que dans le film.
Les recettes sont montrées sous l'angle de la production télé, avec des images spectaculaires (le flambage du coq au vin) ou drôles, la difficulté de mettre en boite dans une émission de 28 minutes une recette de quatre heures est bien montrée, mais je serais incapable de faire la moindre des recettes sur la base de ce qui est montré… même l'omelette (alors que c'est Julia Child qui m'a appris à faire l'omelette à la française).
Par contre, j'ai trouvé aussi qu'on retrouvait bien ce qui faisait les qualités de l'émission : auto-dérision, capacité à rire de ses erreurs ou de ses ratés ! Avec par exemple, ce moment merveilleux où un morceau de poulet s'échappe, elle le ramasse et dit "si vous êtes toute seule dans votre cuisine, personne n'en saura rien !".



