Je viens de finir de regarder "Julia et Julie", un film américain de Nora Ephron (Quand Harry rencontre Sally) qui met en parallèle la vie de deux femmes, Julia Child, une sorte de synthèse de Maïté, Mapie, Philippe Etchebest et Julie Andrieu, dont la cuisine a même été installée dans un musée, et Julie Powell, une jeune américaine qui se met au défi, quarante ans après, de réaliser en un an les 524 recettes du livre de Julia Child, "Mastering the Art of French Cooking".
Cuisine et amour de la cuisine
Ce n'est pas un film sur la cuisine, mais sur l'amour de la cuisine, et surtout, sur ce que la pratique de la cuisine peut apporter à des femmes dont la vie n'est pas "parfaite", loin de là.
Je n'ai pas toujours aimé "la cuisine". J'ai toujours aimé recevoir mes amis et leur proposer une table abondante et savoureuse. Il y a vingt ans, un de mes amis était un grand fan de Robuchon, il avait acheté un de ses livres et se faisait son propre "défi" en réalisant, chaque week-end, une à deux recettes du grand chef. Je ne comprenais pas qu'on se complique autant la vie.
Beaucoup de voyages, beaucoup de restaurants, deux expatriations plus tard, ma vie a commencé à vraiment devenir difficile. Sur une échelle de 1 à 10, Julia Child devait être à 3, Julie Powell à 5, et moi à 9,50.
Et là, sans défi particulier, je me suis mise à la cuisine. A lire et à collectionner les blogs de cuisine. A imaginer toutes ces recettes, à en faire quelques unes. A expérimenter, à tenter de recréer dans ma cuisine casablancaise des saveurs du monde, sans en avoir les ingrédients. A plonger dans de vieux livres de cuisine du siècle dernier et même du siècle avant-dernier, grâce à la magie de l'internet.
A "collectionner" les recettes. Et, comme Julie, à partager avec mes amis, mais aussi sur un blog.
Le phénomène Julia Child
C'est injuste que Julia, qui fut la grande ambassadrice de la cuisine "familiale" à la française soit si peu connue en France. Cette grande femme un peu empruntée physiquement, à cause de sa grande taille (quelle performance d'actrice, au passage, de la part de Meryl Streep qui ne fait "que" 1,68m !) se plonge avec passion dans la découverte de notre cuisine quand elle accompagne son mari en France, au lendemain de la guerre.
Elle suit une formation professionnelle de haut niveau, la fameuse école du Cordon Bleu et commence rapidement à donner des cours à des compatriotes. Avec deux amies, elle se lance dans ce qui sera l'ouvrage de sa vie : "Maîtriser l'art de la cuisine française".
Elle va enchainer sur des démonstrations, des émissions de télé, et son pavé sera régulièrement réédité.
Bonne vivante, elle testait et retestait avec soin ses recettes, avec ses deux amies, jusqu'à la perfection.
Bonne vivante, elle s'amusait sans complexe à la télévision, ne se démontant pas quand quelque chose ratait : au lieu de refaire la prise, elle expliquait comment rattraper les erreurs et sauver un plat.
Adapter la cuisine française pour les Américaines
A l'époque, la mondialisation n'était pas ce qu'elle est devenue. Beaucoup d'ingrédients ne se retrouvaient pas de l'autre côté de l'Atlantique. Élevés, cultivés différemment, les animaux, les fruits, légumes, n'étaient pas parfaitement identiques.
Les proportions n'étaient pas les mêmes non plus, Julia explique au début de son livre que les portions données pour trois personnes conviendraient à six en France, en précisant que le service n'est pas le même : entrée, plat et dessert aux États-Unis, (hors d’œuvre), entrée, plat, salade, fromage et dessert en France !
Et, bien entendu – et cela n'a pas changé – les mesures n'étaient pas les mêmes non plus. Mais là, nous en sommes toujours au même point, tasses et cuillères d'un côté, grammes et centilitres de l'autre !