Le lien entre notre santé et le contenu de notre assiette est un élément essentiel pris en compte depuis des millénaires.
Notre santé commence dans notre alimentation
Les plus anciens traités de médecine retrouvés s'intéressent déjà à ce que le patient mange et donnent des recommandations de régimes variés pour améliorer son état de santé ou le préserver.
Ce qui change, ce n'est pas la préoccupation première, mais les réponses qui y sont apportées. Elles dépendent, bien sûr, de l'avancée de la science, mais pas seulement.
L'état de développement économique global, le niveau de vie personnel jouent beaucoup, selon qu'on vit dans un pays riche ou pauvre, qu'on est soi-même capable d'acheter des produits sains ou pas.
S'y rajoutent les éventuels problèmes de santé personnels, qui peuvent être exacerbés par la pollution, le type de nourriture auquel on a accès, l'ignorance…
Dans les pays développés, on ne s'intéresse plus du tout à la prévention du goitre et du rachitisme, qui étaient des soucis importants il y a à peine plus d'un siècle. Les allergies, l'intolérance au lactose, au gluten sont, par contre, devenus des problématiques quotidiennes.
Enfin, au-delà de la pure recherche de l'équilibre nutritionnel, les problématiques de bio et d'éthique sont, pour beaucoup, devenues essentielles.
Évolutions modernes : malbouffe, industrialisation, etc.
Le rejet d'un type d'agriculture industrielle qui a pourtant, objectivement, permis de faire disparaître les famines en temps de paix est lié à ses excès et aux craintes sur l'avenir de la planète. Le mieux manger s'ouvre sur le mieux vivre, le mieux cultiver et le mieux produire.
Du "bouffeur de MacDo" au végan rigoureux et moralisateur, le spectre est tellement large…
Il est difficile, dans certains cas, de faire la part du plus important : rejet de la souffrance animale ou mieux vivre ? Devient-on végan par morale ou par souci de son bien-être ? La question n'est pas anodine, car ce régime, en particulier, demande de grandes connaissances diététiques pour être "sain".
Youtube est le cadre d'une guerre sans merci entre les "gentils" véganes, partisan d'une évolution progressive, les repentis, qui ont lâché l'affaire face à de réelles difficultés, en particulier des douleurs d'estomac permanentes, et les "purs et durs" qui ne comprennent pas que l'on puisse manger quoi que ce soit tiré de l'exploitation animale, y compris même du miel.
Et puis tout dépend de où on vit.
Ici, on pense aussi à notre porte-monnaie.
Le paradoxe est réel : il vous sera plus facile de manger "bio", "sain" et même "végane" si vous habitez dans une grande ville que si vous êtes dans un petit village (et que vous n'êtes pas agriculteur). On touche là une autre difficulté : manger bio et local n'est pas toujours simple.
Si on peut facilement s'abstenir de grandes hérésies (comme les fraises ou les melons transportés des Antilles pour Noël), en France, cela fait belle-lurette que les villages n'ont plus de moulins en activité, que les agriculteurs, pour des raisons d'hygiène, n'ont plus le droit de vendre directement certains produits. Au Maroc, au contraire, on peut encore faire de l'artisanal facilement, mais le souci est de trouver les bons produits.
Le coût du transport, son impact carbone jouent aussi un rôle dans la pollution globale.
Alors comment faire ?
Être raisonnable, tout d'abord.
Ne pas confondre, par exemple, maladie cœliaque, intolérance au gluten et problèmes liés à la mauvaise qualité des farines. En clair, ne pas faire un régime "sans gluten" par principe, parce que cela serait meilleur pour la santé. Oui, pour 4% à 10% de la population. Non pour l'énorme majorité.
Fixer ses priorités.
Dans une formulation qui ferait hurler les véganes antispécistes, Pascal disait que "qui veut faire l'ange fait la bête". Dans le monde moderne, il est difficile de lutter contre "tout", d'autant plus que certaines problématiques sont générées par l'industrie beaucoup plus que par le particulier. Certains objectifs peuvent même être contradictoires (le commerce équitable de produits bios génère, malgré tout, une pollution importante pour le transport du café, du quinoa, etc.)
Pour être raisonnable, il faut faire le tri entre ce qui est vraiment important et les écarts qu'on s'autorise… comme dans un régime amaigrissant. Et c'est une décision personnelle.
S'informer.
Aller, parfois, chercher la petite bête, vérifier la composition des produits sans se laisser effrayer par certains sigles qui ne sont que la codification de produits courants. Se méfier – par principe – de tous les produits miracles. Connaître le cycle des saisons, pour manger des produits réellement frais. S'organiser, peut-être, pour cultiver chez soi des herbes, quelques légumes… pas facile, sans balcon ni terrasse, mais "faisable".
Se faire plaisir.
La première condition pour bien manger : que cela fasse plaisir. Préparer ses repas, manger, ne doit être ni une corvée ni un devoir, mais un plaisir et un moment que l'on s'offre, à la fois de bien-être et de convivialité.
Ma plongée dans la cuisine s'est accompagnée d'une prise de conscience de ces composantes du "bien manger". En plus des recettes, j'ai eu envie de partager ces réflexions, des découvertes que j'ai faites ces dernières années, de mes essais réussis et ratés.
J'ai la chance de ne pas avoir d'intolérance au lactose ni au gluten, ni d'allergies alimentaires. Je suis flexivore, ayant fortement diminué ma consommation de viande, sans la réduire à zéro. J'ai, par contre, des "troubles du comportement alimentaire" (en clair, je suis boulimique) et prendre le temps de cuisiner, faire attention à ce qui va dans mon assiette, varier les saveurs m'a permis de me stabiliser.



